Cinéma – De l’intime au collectif

Lina Soualem est une actrice et réalisatrice franco-algérienne et palestinienne. Après sa première réalisation, Leur Algérie, elle signe un second documentaire, Bye-Bye Tibériade. Il sera diffusé mardi 16 avril, à 20h, à l’Espace Paul Éluard (EPE).

© D.R.

Que représente ce film pour vous ?

C’est mon deuxième documentaire qui est la continuation du premier, Leur Algérie. C’est un film qui permet d’explorer la transmission dans des contextes d’exil à travers le parcours de plusieurs femmes (Ndlr mère et grand-mère) qui constituent une lignée de femmes. Cela permet de redonner à ces dernières leurs mémoires, leurs héritages et leur permet d’exister notamment dans le cadre d’une histoire palestinienne qui est marginalisée, stigmatisée ou passée sous silence. C’est important qu’elles puissent exister de manière intemporelle et éternelle.

Peut-on relever une forme de quête d’identité à travers vos films ?

Ce n’est pas une quête d’identité ! J’ai toujours été consciente de mes multiples identités que j’ai toujours valorisées. Il ne s’agit pas d’une quête personnelle. Pour moi, c’est une nécessité d’exister pleinement et de pouvoir s’affirmer contre la stigmatisation et la binarité. De pouvoir se réintégrer dans une histoire plus collective puisque ce n’est pas que mon histoire, elle est intime mais s’inscrit dans des histoires plus collectives. Donc, comment retrouver sa place et redonner la leur aux gens qui sont entre plusieurs endroits, qui ont été dépossédés, qui ont des histoires d’exil, dans lesquelles ils ont eu des ruptures. Et comment les faire exister dans l’espace public dont ils sont absents ou mal représentés.

Sur ce second film, votre maman Hiam Abbas est un personnage central. Vous racontez votre histoire, son histoire… A-t-elle participé au montage du documentaire ?

Pas du tout ! Ma mère est juste un personnage du film. Elle a surtout était présente pendant la promotion, mais aucunement à l’écriture et au montage du film. Elle a simplement participé au tournage en tant que personne réelle filmée.

Au regard de l’actualité, peut-on dire que votre film est un acte politique, un acte de résistance ?

En fait, c’est un film que j’ai commencé en 2017, donc je ne le lie pas à l’actualité. Pour moi c’est une histoire intemporelle de dépossession qui dure. Puis, de toute façon toute existence palestinienne est en soi politique puisque liée au contexte et à l’histoire. C’est donc quelque chose de politiquement marqué que d’exister en tant que Palestinien. De continuer à vivre, de célébrer la vie, sa culture… de pouvoir exister pleinement tout simplement.

Avez-vous prévu de diffuser le film en Palestine ?

Il devait y avoir une projection fin octobre mais du fait de ce qui s’y passe cela n’a pas été possible. Et de toute façon, tant qu’il y a la guerre on ne peut pas le projeter. Mais nous le ferons car le film a été produit en partie en Palestine, donc c’est tout à fait nécessaire et vital. Mais pour l’instant je ne pense pas à cela car l’urgence est autre.

Que diriez-vous aux Stanois pour les inviter à la projection à l’EPE ?

Je les invite à venir partager un moment intime et collectif avec moi et mon film. Je serai ravie d’échanger avec eux après la projection.

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