Entretien avec Mr le Maire – ‘‘ En cette rentrée, soyons offensifs ! ’’

Bilan des Jeux, rentrée scolaire, enjeux de propreté et avancement des projets d’urbanisme… Le maire de Stains, Azzédine Taïbi revient sur les dossiers prioritaires de la rentrée. Rencontre.

© Julien Ernst

L’été a été marqué par les Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024, et les animations qui les ont accompagnés. Qu’est-ce que cet événement a apporté aux Stanois ?

C’est un événement historique qui a créé un sacré engouement. Nous avons tenu notre pari de faire que ces jeux soient accessibles et populaires, en faisant participer un maximum de Stanois. J’ai de bons retours, à la fois sur la cérémonie d’ouverture et les épreuves. Presque 1500 places ont été distribuées via les services Jeunesse, Enfance, Seniors, les Maisons pour tous et les associations.

On a aussi profité de l’occasion pour inviter nos délégations étrangères qui étaient enchantées. Il y a également eu le passage de la flamme. C’était extraordinaire ! J’ai eu les retours de Plaine commune et de relayeurs, qui ont salué une super ambiance. Je voudrais remercier tous les agents et agentes des services municipaux qui se sont mobilisés, et tout particulièrement ceux qui ont travaillé sur la base de loisirs.

Quel héritage y aura-t-il pour Stains et le territoire ?

Il va y avoir un héritage en équipements sportifs. Les Stanois et les clubs vont pouvoir profiter de la piscine Annette-Kellermann toute proche, sur le site de Marville. Ils pourront également profiter du nouveau centre aquatique au Fort d’Aubervilliers. D’autres équipements seront attribués à Plaine commune. Il n’y a pas qu’un héritage matériel, il y a aussi un héritage symbolique. Ceux qui ont participé au passage de la flamme sont repartis avec une bonne image de Stains. Je pense que ça va aussi provoquer un plus grand engouement des jeunes pour le sport. Et puis, il y a eu la belle surprise, Zahia Ziouani. Se dire que l’Orchestre Divertimento, avec des professeurs de Stains, dont le directeur Fabrice Cantié, et des anciens élèves, a fait la clôture des Jop et qu’il a été regardé par des millions de personnes partout dans le monde, c’est extraordinaire ! C’est une fierté. Stains, c’est la première résidence de Zahia Ziouani. Quand elle est devenue directrice du conservatoire, on est passés de 200 à plus de 400 élèves avec des gamins de tous les quartiers, du Clos, du Moulin- neuf…

L’été a été rythmé par de nombreux départs en vacances, des enfants et des familles. Plus de personnes ont-elles pu partir en séjour cette année ?

Oui, nous avons quasiment doublé les départs des séjours en famille. De nouvelles familles sont parties, grâce au tirage au sort. Pour les plus jeunes, on a offert des séjours à destination des enfants. À Villiers par exemple, il va y avoir davantage de départs au cours de l’année. Ça a été un bel été, y compris dans les quartiers. Les associations aussi ont fait beaucoup d’activités et de projets intéressants.

À l’heure de la rentrée, la municipalité renouvelle son engagement pour la réussite des Stanois. Quelles sont les principales mesures ?

La distribution de kits de fournitures est une mesure très importante et qui concerne tous les enfants de nos écoles publiques. On l’a étendue, depuis l’année dernière, aux enfants des Instituts médico-éducatifs (IME). Pour moi, ça participe à une certaine justice sociale, dès lors que ça concerne tous les enfants, sans distinction. On a bien travaillé avec les enseignants sur la composition des kits, en fonction des tranches d’âge. Il y a trois ans, quand on les a lancés, j’avais eu l’occasion d’échanger avec quelques maires qui pensaient que c’était « n’importe quoi » et en fin de compte, ça se répand de plus en plus. Nous avons à coeur aussi l’accompagnement de tous les projets pédagogiques, par exemple les classes vertes. Près de 12 000 petits-déjeuners gratuits seront distribués. C’est important parce que certains enfants arrivent le matin le ventre vide. On poursuit l’aide aux devoirs, pour environ 960 gamins. C’est un gros budget de quasi 400 000 euros, financé en totalité par la ville. Le grand ménage a été effectué dans les écoles pendant l’été ainsi que des travaux de maintenance. Nous allons bientôt engager des travaux importants sur certaines écoles.

L’année dernière, les professeurs et parents du 93 ont été très mobilisés pour demander davantage de moyens. Comment se présente cette rentrée sur le plan des effectifs ?

D’après les retours que j’ai eus pour l’instant, il n’y a pas de soucis de professeurs absents dans les écoles. Deux classes ont fermé pour causes de baisse d’effectifs sur certains secteurs, mais quatre ont ouvert (une classe pour faire face à la hausse des effectifs, deux nouvelles classes 100% réussite pour permettre le dédoublement de niveaux et une TPS (très petite section), une demande forte de la ville qui veut favoriser la scolarisation à partir de 2 ans pour les familles qui le souhaitent. C’est aussi le fruit de la mobilisation de la ville, en partenariat avec l’Éducation nationale, et des parents Néanmoins, les difficultés dans le secteur de l’Éducation nationale persistent. Nous ne sommes pas satisfaits de la prise en compte de l’éducation par l’État et on le dit. Les faits prouvent encore qu’un élève en Seine-Saint-Denis est moins bien doté qu’un élève à Paris. C’est ce qu’a démontré le rapport parlementaire porté par Stéphane Peu (député PCF) et Christine Decodts (députée Renaissance) et publié en décembre 2023 : les moyens alloués à l’Education nationale en Seine-Saint-Denis sont toujours insuffisants pour pallier les difficultés du territoire. On a soutenu les mobilisations, et s’il y en a de nouvelles, je les soutiendrais. Mais rien ne nous empêche, à côté de ça, de bien travailler avec les services de l’Éducation nationale. Sur les AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap), je suis très inquiet, on risque d’avoir de mauvaises surprises. On m’a déjà fait remonter des manques. À chaque fois, ils nous disent qu’il y a un problème de recrutement et de formation : dans ce cas, il faut former.

© Julien Ernst

Depuis les élections législatives, nous sommes dans une période de flou. Pour vous, quelles devraient être les priorités d’un nouveau gouvernement ?

La première priorité, c’est le renforcement des services publics de proximité. Il faut beaucoup plus d’effectifs pour la sécurité, mais une police de proximité, sur le terrain, comme pendant les jeux. Il faut aussi des moyens pour l’éducation et la santé. Il y a deux autres batailles : la revalorisation du Smic et l’abrogation de la réforme des retraites qui a été votée l’année dernière. Le gouvernement doit entendre la colère exprimée par les électeurs, y compris des habitants des villes populaires. Les gens demandent plus de justice sociale, plus de solidarité, plus de force de l’État. Ça confirme que le recours contre l’État que j’ai porté en 2019 est toujours d’actualité. La rupture d’égalité républicaine est encore plus forte aujourd’hui qu’il y a 4 ou 5 ans. Nous avons d’ailleurs décidé avec la ville de l’Ile-Saint-Denis, de faire appel de la décision du tribunal administratif, de février, et de porter un recours auprès du Conseil d’État pour que soit reconnue la carence fautive de l’État et que nos exigences d’égalité de traitement soient respectées.

Lors des terrasses citoyennes qui ont repris, des habitants déplorent des problèmes de propreté dans certains secteurs. Comment expliquer ce problème ? Quels moyens sont mis en place pour y remédier ?

Que les choses soient claires : à Stains et avec Plaine commune, nous sommes totalement mobilisés pour faire en sorte que la ville soit propre. Nous avons mis plus de moyens qu’avant, mais le constat est que la ville est parfois plus sale, parce qu’il y a beaucoup d’incivilités. Il y a des personnes qui viennent avec des camionnettes pour déverser leurs déchets, c’est inadmissible ! Nous pourrons mettre des moyens techniques et humains très importants, mais si derrière il n’y a pas une responsabilité individuelle et collective, ça ne suffira pas. On a rajouté des poubelles partout, on a des cantonniers, on va retravailler les missions de la Brigade verte, etc. Les agents ramassent environ 150 tonnes de déchets chaque semaine ! La police municipale a verbalisé, la ville a déposé des plaintes. Il y a des points noirs que nous avons identifiés, pour lesquels on a mis des moyens et on va mettre encore plus de moyens. La rue Jean-Pierre-Timbaud pose de très gros problèmes : je suis à deux doigts de la fermer et de ne la laisser accessible qu’aux entreprises. Nous allons faire une réunion de crise avec les partenaires cette semaine. L’idée c’est de monter d’un cran sur la propreté. Nous allons aussi sortir une campagne sur le sujet. Parce que l’amélioration de la situation dépend aussi du civisme de chacun. Notre action s’inscrit donc sur deux volets : sensibiliser, et renforcer les sanctions face aux récalcitrants. Nous avons un très gros souci sur la rue du Moutiers qui est lié au camp de roms, dont je demande l’évacuation depuis longtemps. Je me suis rendu sur place pour aller voir les agents qui retiraient tous les gravats et déchets. C’est inacceptable, donc je ne lâcherai pas là-dessus ! Il faut que ce camp illicite de près de 600 personnes soit évacué pour des raisons de sécurité et d’hygiène. Une décision de justice ordonne l’évacuation mais pas avant avril 2025. Nous avons gagné une bataille, mais je souhaite que ça arrive avant. On a réussi à faire évacuer d’autres camps comme celui de l’avenue Stalingrad. Je comprends que les Stanois puissent être excédés, mais qu’ils ne se trompent pas, ce n’est pas de la responsabilité de la ville. C’est bien aussi que les habitants se mobilisent. Je soutiendrais toutes les initiatives prises : pétitions, demandes de rencontre avec le préfet, etc. Je ne peux même pas refaire totalement la rue du Moutiers tant qu’il y a ce camp. D’ici l’évacuation, on a déjà renforcé les accès au cimetière, et poser une barrière. Une seconde sera installer prochainement pour empêcher les camions de se garer. Nous allons faire condamner le souterrain plus solidement jusqu’à l’évacuation du camp.

Sur le plan de l’urbanisme, la transformation de la ville avance-t-elle ?

Oui, nous attendions depuis très longtemps de refaire l’entrée de ville qui renvoyait une mauvaise image aux arrivants… Il y aura un très beau projet immobilier. De même, en centre-ville, nous avons fait tomber l’ancien dispensaire, un bel immeuble fera l’angle. Le café de la mairie va aussi être repris pour accueillir «Chez Hanna.» Ça va redynamiser la rue Carnot. Sur la réhabilitation de l’hôtel de ville, les études sont en cours et les appels d’offre arrivent. On en a pour au moins 4 ans de travaux. C’est une des priorités, tout comme le nouveau groupe scolaire qui sera situé sur la Plaine Delaune et l’extension de l’école Victor-Renelle.

Quelques mots pour résumer ce qui vous porte pour cette rentrée ?

Notre cap, c’est toujours de travailler sur le quotidien des habitants, pour qu’il soit le plus agréable possible, et tracer la ville de demain. Les deux sont liés. Avec mon équipe municipale, on est toujours engagés aux côtés des Stanois, pour défendre leurs intérêts. Dans notre ville, la seule communauté qui vaille c’est la communauté stanoise. En cette rentrée, soyons offensifs !

• PROPROS RECUEILLIS PAR JULIETTE BAROT

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