Focus – Une échappée vers la mer

05 novembre 2025

Rejoindre la mer à vélo en partant de Stains. Quatre jeunes Stanois ont relevé ce défi en août dernier, parcourant les 200 kilomètres environ qui séparent leur ville de Dieppe, en Normandie.

Un projet associatif ambitieux qui a été récompensé récemment par le Fonds Maïf pour l’éducation, avec une première place au niveau académique et une troisième place nationale.

«L’objectif était de remobiliser des jeunes autour du vélo », résume Imane, présidente de MaïRessource. Fondée en 2023 par plusieurs professionnels du secteur social, cette association stanoise accompagne la réussite des jeunes, notamment ceux suivis par la protection de l’enfance. Au programme : des activités variées autour du sport, de la culture ou encore de l’alimentation.

Cette idée de rallier la mer en pédalant est née d’ un heureux hasard. Il y a plusieurs mois, l’association reçoit des dons de vélos qui avaient besoin d’un peu de bricolage avant de rouler. « On s’est dit qu’il fallait créer un projet autour de ça et pas seulement les donner à des jeunes. Chaque jeune a maintenant un vélo qu’il a réparé et peut utiliser au quotidien. »

Avant le départ, qui s’est fait avec quatre jeunes finalement, cinq Stanois âgés de 13 à 15 ans ont appris à circuler à vélo en toute sécurité et ont passé leur code vélo, avec la Régie de quartier Les Rayons, partenaire. Avant d’enfourcher leur monture pour de longues distances, ils se sont entraînés plusieurs fois dans les alentours. « Il y a un enjeu de santé et d’apprentissage de la mobilité douce. Circuler à vélo permet aussi de faire des économies et de gagner en autonomie », souligne Imane.

Après cette remise en selle, les quatre Stanois ont pris la route le 14 août dernier, accompagnés par l’instructeur vélo des Rayons, un éducateur de l’association La Sauvegarde 93, également partenaire du projet, et Imane, qui a suivi la troupe en minibus. En trois jours, les cyclistes en herbe ont pédalé pendant 21 heures, faisant étape à Cergy puis à Rouen avant d’atteindre Dieppe et la Manche. « L’un des jeunes voyait la mer pour la première fois », se réjouit Imane, satisfaite de cette première expédition.

UNIS JUSQU’À L’ARRIVÉE

« À la fin du séjour, ils ne voulaient plus voir le vélo. Finalement, après quelques temps, ils nous demandaient de participer de nouveau au séjour et réalisent qu’ils ont vécu une vraie aventure. C’est du dépassement de soi. » Pour la petite bande, des jeunes choisis parmi des volontaires de différents quartiers, il a fallu développer des compétences techniques et physiques mais aussi sociales. « C’était des
jeunes qui ne se connaissaient pas et ils ont été unis jusqu’à l’arrivée, se sont encouragés. Au fil du séjour, ils allaient vers les inconnus, posaient des questions. Ce voyage leur a aussi fait travailler le lien d’appartenance, quand ils voyaient un groupe de cyclistes, ils étaient contents et les saluaient »

Pas seulement sportif, le voyage était aussi culturel. « Nous avions prévu au moins une visite culturelle pour chaque étape, pour qu’il y ait aussi une matière éducative. À Cergy, nous avons visiter l’Axe majeur, une oeuvre monumentale », raconte Imane. Une fois à Dieppe les participants ont aussi découvert la pêche à pied et en ont appris plus sur la préservation de l’océan.

VERS 2026

À l’heure du bilan, alors que les cyclistes de cet été s’attellent maintenant à monter une vidéo relatant leur aventure, l’équipe de MaïRessource est satisfaite de cette première édition de « Stains en selle ». L’idée est de renouveler l’expérience en 2026, voire de l’enrichir avec des villes voisines.

« Les participants de l’édition 2025 devraient être les parrains du prochain groupe. Ils pourront transmettre ce que ce projet leur a appris.» Tout au long de l’année, MaïRessource organise aussi des ateliers antigaspi, accueillant les jeunes avec leurs parents. Et sur le long terme, les fondatrices de cette jeune association voient grand. « Nous souhaitons créer une structure au Sénégal, pour accueillir des jeunes issus de la protection de l’enfance dans des séjours de remobilisation. Ce sont des séjours avec une vocation thérapeutique, éducative…»

Un projet d’envergure qui demandera à Imane et ses camarades bénévoles un travail de longue haleine et de l’endurance.

• J.B.