Portrait – Bassey Koné, une voix stanoise
Elle fait régulièrement l’honneur aux Stanois de chanter lors d’évènements locaux. Le reste du temps, Bassey Koné, très demandée sur les scènes du monde entier, compose ses chansons dans son appartement du Clos Saint-Lazare, avec son fils MK. Rencontre.
«La chanson et la musique, on les a dans le sang là où je suis née ». Dans son village du Mali, ces dons sont héréditaires. Bassey Koné est griotte, une caste de poètes musiciens qui transmettent la culture orale par le chant et la musique. Son papa, Balla Koné, est chef des griots du cercle de San, dans la région de Ségou et grand musicien. Sa maman, qui s’éteint alors que Bassey n’a que 10 ans, était une chanteuse reconnue. « Je chante depuis toujours et je chanterai toujours », confie la désormais Stanoise.
À 17 ans, Bassey est remarquée et fait ses premières scènes à Bamako. Elle passe régulièrement à la télévision et on lui propose sa première tournée, l’Europe puis l’Amérique. Mais celle-ci s’arrêtera en France, sans qu’elle sache vraiment pourquoi. « C’est mon oncle, Moriba Koïta, lui aussi musicien de grande renommée vivant en région parisienne, qui m’a pris sous son aile et encouragé à tenter une carrière en France ».
Elle fait des formations, enchaine les petits boulots tout en continuant à décrocher des scènes au gré des contrats. On l’a retrouve notamment pour le Festival Africolor en 2004. « Je me rappelle en particulier d’une scène, celle du Stade de France, devant le président Jacques Chirac, » sourit-elle.
« J’ÉCRIS TOUTES MES CHANSONS »
Lorsque Bassey Koné n’est pas sur scène, elle écrit dans son coquet appartement situé au Clos Saint-Lazare. « J’écris et compose toutes mes chansons, explique-t-elle. Mes textes partent souvent d’un simple mot et la mélodie apparait naturellement au fil de l’inspiration. Les chansons des griots doivent guider et ne jamais être utilisées pour faire du mal ou blesser.
C’est mon fils MK, 22 ans, qui les arrangent en y ajoutant des pointes de modernité tout en respectant le traditionnel. On s’enferme souvent des heures ensemble. Il est aussi mon musicien sur scène. Il est très doué. » Il y a un autre aspect auquel cette Stanoise tient fortement : l’élégance et la prestance. « Je fais souvent moi-même mes tenues de scène, toujours des costumes traditionnels. Ils doivent révéler la beauté de la femme, sa force. Sur scène, j’impose ma présence en donnant mon maximum ». En concert, l’artiste transporte et donne envie d’avancer. Elle est splendide. Une femme debout, maman de deux enfants, qui a justement participé récemment à la Journée « Femmes non-stop » organisée par le collectif Femmes debout en partenariat avec la mairie à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
Lors de cet évènement, après avoir joué dans une pièce de théâtre, qui a été rejouée à Bruxelles avec toute la troupe stanoise, Bassey a conclu cette rencontre par quelques chansons donnant des frissons à tous les présents. « J’ai adoré cette aventure. Je me sens bien avec les Stanois. Cette mise en valeur de la femme est primordiale et compte énormément pour moi. »
Ce que confirme son engagement depuis une vingtaine d’années dans la vie associative locale et plus récemment dans l’association Les Soeurs unies. « Avec des voisines, on a créé cette union et c’est moi qui ai trouvé le nom de l’association. Notre objectif est de nous entraider entre femmes pour protéger et veiller sur nos enfants. Nous organisons des sorties culturelles et bien sûr nous participons à la vie de la ville lors des grands rendez-vous associatifs. » Toujours tirées à 4 épingles, lorsqu’elles montent sur scène pour chanter, ces femmes sont en représentation.
« On se fait toujours belles, car la vie est belle ! », revendique la présidente de l’association Khadîdja. « Samedi 7 mai, nous organisons une journée ouverte à tous, nous y invitions tous les Stanois. Après une présentation de l’association, il y aura une exposition des savoir-faire artisanaux de femmes, un débat sur les femmes entrepreneuses, un défilé de mode, un concours de danse et pour conclure un concert de Bassey Koné bien sûr », sourit-elle. Ouvert à tous à partir de 14 h à la Maison du temps libre.
• CAROLE SAPIA
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