Portrait – Christiane, native de Stains, a 100 ans

21 juillet 2025

C’est lors du barbecue de fin d’année à la résidence autonomie pour personnes âgées Salvador-Allende, que Stains Actu a assisté à l’anniversaire de Christiane Le Faveur qui a soufflé ses 100 bougies.

Quelques jours plus tard elle nous a reçus chez elle. Rencontre avec une centenaire stanoise, née à Stains.

Le 31 mai 1925, rue Carnot (actuellement avenue Louis-Bordes), plus exactement au 6 bis, une petite fille pousse son premier cri. Elle s’appelle Christiane. 100 ans plus tard, Stains Actu a l’honneur d’être reçu chez elle quelques encablures de rues plus loin, avenue Stalingrad.

C’est son fils François qui nous ouvre la porte tout sourire. Dans la salle à manger, Christiane trône dans un fauteuil, jolie montre au poignet et lunettes dorées sur le nez. À côté d’elle, Béatrice, l’ange gardien de Christiane quand François n’est pas là. « Elle se souvient de tout, elle va vous raconter », annonce le fils très proche de sa maman.

Et en effet, la centenaire, dans une posture de femme élégante, déroule sa vie. Elle commence par ses parents et l’entreprise de transport familial dont le nom est bien connu des anciens de la ville : Perrotin. Elle évoque aussi sa fratrie qu’elle affectionne particulièrement. Elle énumère le nom de ses quatre sœurs et de ses deux frères.

Quand elle prononce le prénom Albert, sa gorge se noue. « Il a été tué durant la Seconde Guerre mondiale. C’était un musicien hors pair qui faisait partie de la fanfare de Stains qui défilait tous les samedis ». La guerre ? « Elle nous a causé bien des soucis cette guerre, je n’aime pas en parler ». Fini donc les mauvais souvenirs, passons aux bons. Et en rires ! Christiane aime rire et ne s’en prive pas. Elle partage alors sa blague préférée « Qu’est ce qui est rouge et qui sent la moule ? Le bonnet du commandant Coustaud ! »

Puis de la franche rigolade, elle passe au sourire tendre quand elle raconte sa rencontre avec ce jeune homme du quartier des Prévoyants. « Je travaillais à Duco – une grande entreprise de peinture qui employait de nombreux Stanois – au laboratoire et il emmenait très régulièrement ses produits pour que j’en contrôle la qualité. On s’est marié et emménagé dans un petit F2 qu’on a retapé en faisant de la peinture et en remplaçant le lino. Puis notre bébé est arrivé le 1er octobre 1953. L’infirmière venait souvent le voir car elle disait qu’il était vraiment beau. J’ai gardé sa mèche de cheveu dans une enveloppe. Vous voulez la voir ? » « Maman ! », François l’interrompt en riant.

Son fils vit depuis des années dans le Sud de la France. Sa maman avançant dans l’âge et tenant à rester dans son appartement, il revient dans sa chambre de jeune homme deux semaines par mois. Les deux autres semaines, c’est Béatrice, une Stanoise qui n’habite pas loin, qui est présente pour elle. « C’est un vrai rayon de soleil. On peut passer des heures et des heures à papoter », confie Béatrice.

Comme parler de cet autre 1er octobre, jour de signature du bail qui lui permet, grâce au 1 % patronal, d’emménager dans cet appartement qu’elle ne veut pas quitter avenue Stalingrad et qu’elle a eu l’occasion d’acheter en 1975. « Pourquoi partir ? Je suis bien moi ici, » sourit-elle. « Dans la résidence, on s’entendait tous bien et on s’entraidait, comme avec la famille Del Nero. Et aujourd’hui encore, Christian est là si besoin ».

Les années s’écoulent. Son mari meurt avant même de profiter de sa retraite. « Moi je suis en retraite depuis 40 ans. J’ai fait quelques voyages comme au Canada. Et il y a quelques années, on a fait une belle cousinade. » « Et on aimerait aller à Dieppe cet été, » rappelle son fils. « Oui c’est vrai », répond Christiane.

La centenaire, grand-mère de deux filles et arrière-grand-mère quatre fois, a-t-elle un secret de longévité ? « Maison, boulot et mon fils », conclut-elle. « Joyeux anniversaire madame ! »

• C.S.