Portrait – David « Curtis » Eog-Eog, le passeur de culture(s)

Danseur, chorégraphe et DJ, ce trentenaire s’attache à diffuser plus largement la culture hip-hop.

Samedi 29 avril, il propose Des Histoires sur la scène de la Ligne 13 à Saint-Denis, un mix entre danse, théâtre et graff créé avec une troupe d’adolescents. Objectif : donner de la voix sur le thème du harcèlement.

© Julien Ersnt

Né à Saint-Denis au mitan des années 80, grandi au Clos Saint-Lazare, Curtis David Eog-Eog, 38 ans, est un enfant du hip-hop. Car c’est ce mouvement hip-hop qui l’a en partie élevé alors qu’il était encore minot : « J’avais 7 ou 8 ans et mes parents m’avaient inscrit au conservatoire de Stains pour faire de la trompette et du piano. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que notre prof de l’époque nous laissait parfois du temps pour préparer nos cours. Moi, j’en profitais pour me promener et c’est là que j’ai croisé le chemin de Gabin Nuissier… »

Pionnier du mouvement hip-hop et fondateur de la compagnie Aktuel Force, Nuissier, 56 ans aujourd’hui, donne alors des cours de danse hip-hop à Stains. Une discipline qui impressionne le môme Eog-Eog, haut comme trois pommes, mais qui a envie de faire comme les grands. « Mes parents ignoraient ce que je faisais, parce qu’ils prenaient le hip-hop pour une danse de voyous. Mais, moi j’aimais vraiment ça et j’ai continué à me former sur le tas. »

Une belle époque où il bénéficie de la bienveillance de ses aînés. Bien loin du thème de son prochain spectacle Des Histoires, un mix de danse, de graff et de théâtre sur le thème du harcèlement qu’il présentera le 29 avril à la Ligne 13, la salle de spectacles de Saint-Denis.

CRÉATION ET RÉFLEXION…

Car, Curtis David n’a jamais lâché son rêve de danse et préside depuis 2012 l’association stanoise Hip Hop Art dont la raison d’être est de « faire la promotion de la culture urbaine, en entraînant le public, de manière naturelle et festive, dans la danse, le rythme…

Chorégraphe et DJ, le Stanois enchaîne pour cela les interventions dans les écoles, les collèges et les lycées. Créant au passage des spectacles avec les plus jeunes comme le dernier en date Des Histoires « qui m’a vraiment « arraché quelques larmes lorsqu’on l’a présenté pour la première fois lors d’un stage d’une dizaine de jours en février en Dordogne, raconte le metteur en scène. Les cinq adolescents de Saint-Denis et Fontenay-sous-Bois qui ont créé le spectacle avec moi se sont vraiment livrés sur le thème du harcèlement, qu’il soit scolaire ou plus intime. Franchement, c’est un spectacle qui donne à réfléchir… »

D’ailleurs, il songe également à le monter bientôt à Stains, toujours en mêlant les disciplines du hip-hop-graff et danse- à l’art théâtral, mais sur une autre thématique que le harcèlement. « En ce moment, je suis en train d’avancer avec différents centres de loisirs de la ville pour voir s’il est possible de travailler avec des jeunes Stanois sur une période de 10 ou 12 jours lors d’un séjour d’été et sur un thème de spectacle qu’ils auront choisi. Parce que lorsqu’on fait confiance aux jeunes, on arrive à créer de belles choses avec eux. Ils ont envie de s’exprimer et moi je suis là pour les guider grâce à la danse, au théâtre et à la musique. De toute façon, j’aime transmettre… »

UN ARTISTE HYPERACTIF

Un peu comme Gabin Nuissier, l’un des pères du hip-hop hexagonal l’avait fait avec lui, «Curtis» se plait donc à jouer les passeurs de culture.

Surtout qu’il a une pléthore de cordes à son arc : « Dans les écoles, je peux aussi bien enseigner la capoeira, les arts du cirque, la BD, le beat-making, l’art de l’éloquence, l’écriture musicale ou faire découvrir des expériences scientifiques», énumère le trentenaire qui, dans un passé récent, a animé des cours de hip-hop hebdomadaires au complexe sportif André-Lamy ou à Jean-Guimier, tout en intervenant aussi dans des collèges de la ville comme Joliot-Curie ou au lycée Maurice-Utrillo dans le cadre de l’Union nationale du sport scolaire (UNSS).

« Je suis très actif, sourit le chorégraphe stanois, je n’arrête presque jamais. Aujourd’hui, je travaille avec presque 40 villes en Île-de-France et près d’une centaine d’établissements scolaires. Être en permanence au contact de la jeunesse, ça me porte !» L’école Jean-Moulin l’aurait compris.
Et, en bon danseur, c’est ce qui lui permet aussi de garder le rythme…

• FRED LAURENT

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