Portrait – Ozgür et Manon, la création corps et âmes

L’une est comédienne et metteuse en scène, l’autre est musicien.

Les deux réunis ont créé la Compagnie Ozam qui propose Luz, un spectacle « qui donne la banane », les 24 et 25 avril à l’Espace Paul-Éluard. Rencontre.

© Dragan Lekic

Si vous n’avez rien prévu les 24 et 25 avril prochains, gardez une place dans votre agenda pour Luz, la première création originale de la jeune compagnie Ozam sur la scène de l’Espace Paul-Éluard. Luz, lumière dans la langue de Cervantès, est la rencontre créative d’Ozgür Kilic et Manon Aounit. L’un est musicien, la seconde est comédienne et metteuse en scène.

À eux deux et à quatre sur scène, puisqu’ils bénéficient du renfort d’une marionnettiste et d’une danseuse, ils mettent en musique, en mouvement et en paroles, un spectacle « jeunesse, mais qui est en réalité tout public, parce qu’il touche le cœur d’enfant qu’on a tous, dévoile Manon qui a réglé la mise en scène. Notre envie, c’est que les spectateurs sortent de la salle avec la banane après avoir vécu un moment lumineux… »

Pourtant, au départ, rien n’était gagné, dans ce spectacle né dans les angoisses existentielles du confinement et des multiples couvre-feux des années 2020 et 2021. « Lorsque les théâtres ont rouvert, les programmations n’étaient pas franchement joyeuses, poursuit Manon Aounit, souvent centrées autour des thématiques de la violence ou de l’isolement. Nous, au contraire, à travers ce spectacle, qui est
l’aboutissement d’un travail initié dans le cadre des Chantiers créatifs du STS, on a voulu raconter une histoire qui, même si elle part d’une situation de solitude, va vers les autres. Avec de la légèreté. »

OSER RÊVER…

En version tout aussi légère et pour ne pas spoiler les représentations de l’EPE, sa metteuse en scène et principale comédienne vous en dit quand même un peu plus : « Luz, c’est l’histoire d’un personnage
enfermé dans sa solitude, qu’un perroquet multicolore venu s’écraser sur la fenêtre de sa chambre, va pousser à sortir de chez lui… » Désolé, on ne vous racontera pas la suite !

Mais plutôt les débuts de la rencontre artistique entre Manon Aounit qui a grandi du côté d’Aubervilliers et le Stanois Ozgür Kilic : « Notre compagnie créé en 2022, c’est l’alliance de deux univers artistiques, racontent-ils en duo. On se connaissait pour s’être croisés à Stains à travers nos différents projets culturels et on a eu envie de s’associer pour partager le plus possible nos envies créatrices, mais aussi faire rêver les gens. Et puis, l’idée, c’était aussi de montrer à travers nos parcours respectifs qu’il faut oser rêver, ne pas s’interdire de créer des choses. On veut partager l’idée que tout le monde est légitime pour créer. Encore plus dans une ville comme Stains où il existe une vraie ouverture sur la culture. »

Eux, ont en tout cas, trouvé leur terrain d’expression dans notre ville où la trentenaire Manon Aounit a été, entre 2020 et 2022, chargée des relations publiques et de l’action culturelle au sein du Studio-théâtre et anime désormais différents ateliers de pratique théâtrale « auprès d’enfants, de collégiens et de lycéens, mais aussi de personnes en insertion », résume l’ex élève du Conservatoire régional d’Aubervilliers-La Courneuve. « Avec Stains, c’est une histoire qui dure maintenant depuis 2015, poursuit-elle. À l’époque, j’avais animé un atelier pour des jeunes exclus de leurs écoles au sein de l’équipement
jeunesse Bleu Cerise. »

UN HYMNE À LA CRÉATION

Ozgür, 27 ans, est lui « un pur produit de Stains, né à la clinique de l’Estrée et grandi au Clos-Saint-Lazare », sourit-il. C’est ensuite au Conservatoire municipal, à partir de ses 12 ans, qu’il continue de se construire. « J’y ai fait 7 ans de musique classique avant d’enchaîner avec une spécialisation jazz. Côté études, j’ai un bac + 3 en finance et un master production et financement du spectacle qui concilie mon intérêt pour les chiffres avec mon côté artistique. »

L’un dans l’autre, l’alliance de ces deux talents compétents donne donc la compagnie Ozam, qui, si vous ne l’aviez pas deviné, est « la contraction de nos deux prénoms, avec les initiales de Manon Aounit à l’envers », décrypte Ozgür. « Et, c’est aussi un petit clin d’œil à La Marseillaise, complète Manon, parce que pour nous ça signifie aussi « Ozam’citoyens », sans le côté guerrier du « Aux Armes » du texte de Rouget de Lisle.» Un beau titre, en tout cas, pour un hymne à la création…

• FRED LAURENT

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