Portrait – Tounès aux premières loges de la création

Stanoise d’adoption depuis une quinzaine d’années, la metteuse en scène et comédienne veut écrire un nouvel acte de sa carrière à Stains en ouvrant la culture au plus grand nombre avec son association « Les trois loges ».

Une ambition dont elle frappera les trois coups en mars à l’Espace Paul-Eluard.

Portrait - Tounès aux premières loges de la création - Ville de Stains

Dans son grand sac noir, Tounès Aït Ali a plus d’un tour, mais aussi pas mal de projets artistiques pour Stains sur lesquels on va revenir… Avant cela, une présentation du « personnage » s’impose. Pour la Stanoise d’adoption, tout commence de l’autre côté de la Méditerranée, à Alger. Son père y est architecte naval et voit bien sa fille endosser le même dessein. Trois ans durant, elle fréquente donc les bancs d’une école d’architecture. « Pour mon père, je pouvais soit être médecin, architecte ou avocate. Pas artiste. Alors, je l’ai écouté, mais je suis futée… »

Futée et assez « raisonnablement » butée pour boucler un premier cycle en architecture avant de bifurquer vers l’École supérieure des arts de Tunis au mitan des années 90. De quoi s’ouvrir les portes d’une résidence artistique au sein du Théâtre du Soleil d’Ariane Mouchkine, en lisière du bois de Vincennes. Tounès s’installe à Paris, puis à Stains en 2006 : « Mais, j’étais toujours entre deux tournées au théâtre, des tournages pour le cinéma ou la télé. Je n’ai jamais eu le temps de me poser. »

Survient le confinement du printemps 2020. Ses valises rangées, la quarantenaire découvre « la solidarité, l’enthousiasme créatif qui anime Stains et ses habitants grâce à Angèle Dione », l’ancienne adjointe au maire en charge de la vie associative. Au fil des rencontres, l’artiste remplit aussi sa besace de projets pour les prochains mois.

AUTOPSY LE 12 MARS

Le 12 mars prochain, il y aura d’abord le spectacle Autopsy à l’Espace Paul-Eluard, « une réécriture contemporaine de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenneté, proclamée en 1791 par Olympe de Gouges, pionnière du féminisme », raconte Tounès Aït Ali. Un texte qui sera interprété par plusieurs femmes du collectif féministe stanois « Femmes debout » à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour le droit des femmes. « Faire revivre ce texte fondateur, sera pour elles un moyen de clamer une nouvelle fois leur droit à exercer leur citoyenneté pleine et entière. Tout en leur permettant de découvrir le théâtre, la scène. »

Une manière également pour la metteuse en scène de réaffirmer que l’art se partage : « J’ai toujours milité, travaillé pour un théâtre populaire qui va vers les gens et non le contraire. C’est à nous les artistes d’aller chercher le public et on ne peut le faire que si nous sommes soutenus par des villes, comme Stains, qui ouvrent leurs lieux de création au plus grand nombre. »

Une philosophie qu’elle porte aussi en actions via son association « Les trois loges » réunissant danse, musique et théâtre, avec un objectif éducatif. « Avec cette association dont le nom évoque les loges d’artistes de ces trois disciplines, je veux aller un peu partout à Stains dès la prochaine rentrée pour créer des ateliers théâtre avec les adultes, comme avec les enfants, expose-t-elle. Et puis, l’autre projet, c’est de créer un théâtre de marionnettes où on fera tout de bout en bout en fabriquant les personnages, le castelet et puis, bien sûr, on inventera et on écrira des histoires… »

Qui seront peut-être dorées et grises comme celle d’Ahmed Boughera El Ouafi, premier athlète français champion olympique du marathon en 1928 à Amsterdam, vite retourné aux oubliettes de l’histoire avant de resurgir dans les pages faits divers lorsqu’il meurt sous une rafale de balles dans un bar de Saint-Denis en 1959. Un destin tragique que Tounès Aït Ali aimerait ressusciter « à Stains sous forme d’une épopée dansée et chantée qui permettrait de raconter autrement un exploit sportif. » Pour le moment, le projet n’est encore que la maquette en carton d’une scène rêvée et éphémère dans le grand sac de l’artiste. Mais, il ne demande qu’à en sortir….

• FRED LAURENT

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