Retraite – À la grève comme à la guerre

Contre le passage en force du gouvernement, la rue répond par le chaos permanent : manifestations « sauvages », blocages, occupations, grèves…

Malgré la férocité des forces répressives, la mobilisation contre la réforme des retraites ne faiblit pas, renforcée par la présence dans les cortèges d’une jeunesse de plus en plus mobilisée.

Une jeunesse mobilisée en masse en ce 10e jour de manifestation à Paris. © Dragan Lekic

Crâne fendu, pouce arraché, enfoncement orbital, attouchement sexuel… La liste est longue des exactions accompagnant la réponse coercitive du gouvernement face à un mouvement social qui ne cesse de déborder du cadre étriqué imposé par l’intersyndical.

Après la décision du passage en force à l’Assemblée nationale par l’utilisation du 49-3 et le rejet de la motion de censure à neuf voix près, la rue a repris ses droits en faisant feu de tout bois. Un rassemblement à l’appel du syndicat Solidaire Place de la Concorde fut ponctué d’une volée d’interpellations.

Puis, des jours durant, des cortèges spontanés ont défilé dans plusieurs villes mettant à l’épreuve les forces de l’ordre jusqu’à conduire les préfets à interdire tout rassemblement sur de larges périmètres.

Alors que les marches syndicales se poursuivent, toujours plus importantes à mesure que grossit le contingent de jeunes mobilisés, et que la solidarité gagne du terrain entre grévistes, Macron semble plus isolé que jamais.

49-3 NUANCES DE GRÈVE

Silencieux voire carrément absent depuis le début de la contestation, le président a pris la parole la semaine dernière. Que retenir de cette intervention télévisée ? Rien, sinon du mépris comme toujours serait-on tenté de dire. Qualifiant les manifestants de « factieux », il a déclaré que la seule légitimité qui s’exprime est celle des élus contrairement à la « foule ». Quant à la réforme ? Elle suit son « cheminement démocratique », le Conseil constitutionnel doit à ce titre rendre un avis sous 4 semaines.

Par ailleurs, une procédure pour un référendum d’initiative partagée (Rip) est également entre les mains des Sages qui sont, rappelons-le, nommés par le président lui-même.

La réponse viendra donc de la faculté des grévistes à maintenir ce mouvement dans la durée, à la solidarité entre secteurs, jeunesse et travailleurs et à la détermination à faire plier ce gouvernement.

BE MORE FRENCH

Ces derniers jours ont vu fleurir sur les plateaux télés certains individus frappés par les conséquences des grèves comme l’union des restaurateurs. Il reste en effet des milliers de tonnes d’ordures à débarrasser.

Ailleurs pourtant, la grève dans le pays semble faire tâche d’huile et inspirer des internautes du monde entier avec le hashtag Bemorefrench (#Bemorefrench).

Des rassemblements devant les ambassades aux appels à se battre pour ses droits « comme les Français », le rayonnement de la France à l’étranger n’a jamais semblé aussi haut ! Merci qui ?

• M.B.

GLOIRE À L’ART DE RUE…

Patchwork de slogans entendus en manif :

« En bande (des) organisée, personne peut nous canaliser »
« Manu, tu l’as ta République en marche »
« Rien n’est bon dans le Macron »
« L’eau bout à 100°, le peuple bout à 49-3 »
« Travailler jusqu’à 64 ans, yes we canne »
« Macron nous met 64, on lui re-mai 68 »
« Taxez les milliardaires, taxez pas les grands-mères »
« Tu nous bassines avec ta réforme »
« + de services publics, – de sévices publics »

DERNIÈRE MINUTE

Après la demande de médiation proposée par Laurent Berger (CFDT) aussitôt rejetée par le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, une rencontre devrait bien avoir lieu entre des représentants de
l’intersyndicale et la Première ministre à Matignon la semaine prochaine.

En attendant, un nouvel appel à manifester a été programmé pour le jeudi 6 avril et des actions devraient se poursuivre ce week-end.

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