Rue du Moutier : un des points noirs en termes de dépôts sauvages

La ville est souillée à outrance par des dépôts sauvages, 140 tonnes ramassées chaque semaine. Le maire et son équipe s’emploient quotidiennement à les combattre. Reportage dans l’un des points noirs, rue du Moutier.

© Dragan Lekic

Je travaille à Stains, j’avais pour habitude de couper par la rue des Huleux et celle du Moutier pour rentrer chez moi et profiter un peu des jardins en évitant les bouchons. Depuis la rentrée, j’ai décidé de faire un détour pour ne plus devoir supporter ces monticules de déchets le long de la route », cette femme se dit prête à signer la pétition que le collectif des habitants de La Cerisaie prépare. En effet, dans ce quartier de la ville un énorme problème de déchets sauvages persiste depuis des années et s’aggrave même de mois en mois. « Rien que sur les rues du Moutier et des Huleux, nous ramassons 40 tonnes de déchets par semaine, annonce l’agent de maitrise des mi-lourds et poids lourds de Plaine commune.

Nous avons deux 19 tonnes et un 10 tonnes pour les villes d’Épinay, Stains et Villetaneuse. Stains est notre priorité. Nous ne sortons qu’occasionnellement sur les autres villes. Rue du Moutier est un point noir pour nous, nous faisons plusieurs aller-retours à la déchetterie chaque matin. »

STAINS ACTU CONSTATE

Mercredi 18 septembre, la matinée est déjà bien entamée pour cette équipe de 5 agents que Stains actu a pu suivre. Ils embauchent à 6h30. Un 10 tonnes sort son bras et ramasse. Des matelas, des canettes, des chaises, des ordures ménagères… dans le creux d’un arbre – qui a dû être coupé pour éviter un accident – les déchets s’amoncèlent.

L’agent, avec l’aide d’une pelle les poussent au centre, trie ce qu’il ne peut pas ramasser, comme les pneus et de l’huile. L’agent de maitrise contacte alors deux autres agents qui arrivent avec un autre camion, un plateau, qu’ils vont charger avec les pneus et l’huile. « On va nous refuser, c’est sûr ! », s’agace l’un des agents. « Il y en a plus chaque jour ! » En effet, quand les quantités sont trop élevées, les déchetteries refusent régulièrement de prendre ce type de détritus. Il faut souvent attendre le lendemain pour vider le camion et recommencer. Mais l’endroit est enfin libéré de ses plus gros déchets sur plusieurs mètres.

Le lendemain matin, la balayeuse et la lessiveuse passeront finir le nettoyage. Vendredi, la rue -encore assez propre- comptait quand même deux nouveaux dépôts sauvages : des palettes et des carreaux de plâtre. Lundi, catastrophe. Des canettes, des peaux de maïs, des paquets de chips… virevoltent au vent à La Cerisaie. Des pneus, des matelas, des gravats, des carcasses d’engins ou de viande… sont répartis un peu partout. Et le trou vidé quelques jours plus tôt est encore plus souillé et rempli (voir photos).

UNE DÉCISION DE JUSTICE QUI TARDE À ÊTRE APPLIQUÉE

S’il est évident – preuve à l’appui plusieurs notes de frais et amendes dressées- que des entrepreneurs et sociétés vident leurs déchets sur la voie publique pour ne pas payer la déchetterie ou par désinvolture, la promiscuité avec les camps illicites et les centaines de personnes qui y vivent dans des conditions d’hygiène et de sécurité réduites en est aussi une cause selon la municipalité, les riverains et de nombreux Stanois. Le camp des Batêtes est installé depuis presque 10 ans dans ce secteur. « Je suis conscient de la fragilité de ces populations, nous travaillons avec les Ong, les enfants sont scolarisés, l’Adil est alerté par nos services… », le maire ajoute qu’un énorme travail juridique et de diagnostic social complexe, qui prennent énormément de temps administratif et de terrain, est mené par ses services.

La municipalité avait accepté l’installation du dispositif Le Mesnil porté par les Enfants du canal en échange d’une vigilance particulière du préfet sur ces camps illicites en ville. Aujourd’hui, ce secteur est plus que jamais un lieu d’appel d’air. « Nous avons enfin eu une décision de justice ordonnant l’évacuation du site – mais fin mars 2025. Depuis que j’en ai pris connaissance, j’interpelle régulièrement le préfet pour lui signaler nos problématiques et le ras-le-bol des Stanois afin de régler cette situation », affirme le maire.

Un collectif d’habitants s’est créé, il a déjà écrit un courrier recommandé au préfet, à ce jour resté sans réponse selon le collectif, et envisage des actions pour mettre fin à cette situation « qui ne doit pas diviser les humains que nous sommes surtout en ce moment de tension politique dans notre pays, mais nous unir face au non respect des droits de chacun », est convaincu ce riverain engagé dans le collectif. Le maire affirme qu’il soutiendra les actions du collectif.

Des chiffres qui en disent long…

  • 5 matins par semaine les mi-lourds et poids lourds ramassent des dépôts sauvages
  • 5 soirs par semaine un poid lourd prestataire ramasse les dépôts sauvages rues du Moutier, Huleux et Timbaud
  • 40 tonnes de déchets sont ramassées rues du Moutier et des Huleux par semaine – 150 sur l’ensemble de la ville
  • 5 fois par semaine les conteneurs devant le camp des Batêtes sont ramassés : les lundis, mardis, mercredis, vendredis et samedis.

• C.S.

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