Vie Quotidienne – Inflation : la grande inquiétude

Face à la hausse du prix des matières premières, de l’énergie et aux différents cris d’alerte des artisans et petits commerçants à travers la France, Stains actu est allé à la rencontre de quelques-uns d’entre eux sur la ville. Reportage.

© Julien Ersnt

« Nous avons la chance de faire partie de ces boulangeries qui n’a pas, pour le moment, un contrat d’énergie aussi mauvais que d’autres, nous confie cette boulangère du quartier de l’Avenir. Néanmoins, le prix de toutes nos matières premières a explosé… »

Même son de cloche au marché du Centre-ville, sous la halle. Amir quitte son étal de fruits et légumes exotiques et Saïd son comptoir de boulangerie pour partager leur quotidien sous le fléau de l’inflation, qui vient d’être chiffrée par l’Insee à +5,9 % sur les produits de consommation en un an.

« Je suis sur les marchés depuis des années, les fournisseurs jouent le jeu en rognant un peu sur leurs marges et nous aussi. J’ai fait le choix de ne plus prendre certains produits. Ainsi, pour le moment, j’essaie de maintenir mes prix pour mes clients, car je sais aussi que leur portefeuille souffre. »

Amir est resté primeur comme son père mais s’est spécialisé dans les produits exotiques, il évoque surtout les frais supplémentaires des transporteurs avec l’augmentation des carburants. « Un jeune, qui se lancerait aujourd’hui, coulerait tout de suite. » Amir, qui malgré le contexte, ne quitte jamais son sourire et sa bonne humeur, salue de nombreuses personnes dans les allées de la halle stanoise.

Tout comme Saïd, un Stanois dont les enfants sont scolarisés à Émile-Zola. Il est boulanger. Il a une boutique où travaillent 5 salariés, et fait quelques marchés en plus. « Toutes les matières premières ont augmenté, mes charges d’électricité aussi, sur le marché je ne monterais pas les prix, mais au bout d’un moment, il va falloir faire quelque chose. »

Malgré ces paroles de désespoir, lui aussi sourit tout le temps. On sent une solidarité dans ce marché stanois. Ce que confirment les deux hommes. « Nous, les commerçants, sommes une famille. »

Stains actu continue donc sa tournée dans cette bonne ambiance. Qui va se plomber un peu en écoutant ce Stanois chez le poissonnier. « J’ai besoin, pour ma santé, de consommer des oméga 3. Avant je prenais ce poisson pour 4,50 euros le kg. Aujourd’hui il est à 6,90. » « C’est la catastrophe, tout a augmenté », se désespère le poissonnier qui détaille une à une toutes les augmentations des prix des poissons. Son client lui dit à la fin de la pesée : « Je prends quand même si ça dépasse un peu. »

Ce ne sera pas le même discours avec cette dame qui ne veut pas dépasser 3 euros pour les oranges qu’elle veut mettre dans son caddie. Un épicier, devant un magnifique étalage d’olives nous interpelle. « Deux fois, en très peu de temps, le prix a augmenté. Ce n’est plus possible ! »

AU CENTRE-VILLE

Rue Carnot, au salon de coiffure Winners, on voit d’un bon oeil l’arrivée de la supérette Cocci Market qui devrait ouvrir dans quelques jours. « Ce commerce va animer le secteur de manière positive. J’en suis certain. Je n’ouvrais le salon que deux jours par semaine, mais avec ce nouveau commerce et face à la demande de mes clientes, j’ai décidé de rouvrir du mardi au vendredi. Je ferai même une réduction de 10 % sur la présentation de cet article », sourit le coiffeur qui exerce dans le quartier depuis 25 ans. Une démarche qui pourrait en tenter plus d’un en ces temps où chaque euro est de plus en plus précieux…

Malgré cette apparente bonne humeur, cette ténacité, l’inquiétude est là, la réalité du quotidien aussi. Comme en témoignent les Restos du coeur et le Secours populaire qui reçoivent de plus en plus de monde. Quant à la municipalité, consciente de la situation, elle confirme qu’elle continuera « à se mobiliser pour protéger les Stanois à travers des actions telles que la distribution des kits de rentrée, les paniers seniors, la bourse au permis… ».

• CAROLE SAPIA

Voir aussi