Portrait – Béatrice Letté, ambassadrice du goût des autres

Pendant 25 ans, cette Stanoise a travaillé dans l’univers des grands magasins parisiens. Un monde quitté au moment de la crise sanitaire pour s’engager au service des autres au sein du Secours populaire et de l’Académie populaire de la santé. Rencontre.

© Julien Ersnt

«J’avais envie de défendre des valeurs de solidarité, d’entraide, alors, lorsque je me suis retrouvée au chômage partiel pendant la crise de la Covid en 2020, j’ai frappé à la porte du Secours populaire et j’y suis devenue bénévole… »

Depuis, la Stanoise Béatrice Letté, 53 ans, s’est peu à peu éloignée de son ancien univers professionnel : pendant 25 ans, peu après ses études de comptabilité, elle a en effet travaillé dans les beaux quartiers parisiens dans l’univers de la détaxe pour les visiteurs venus de l’étranger, montant les échelons un à un jusqu’à manager une équipe en charge de la gestion des opérations de détaxe pour différents grands magasins. « Et puis, la crise de la Covid est arrivée, la pandémie a mis à l’arrêt notre activité, j’ai finalement signé une rupture conventionnelle en 2021 et j’ai revu mes priorités », explique simplement cette mère de quatre enfants âgés de 18 à 25 ans.

« Au fil des années, même si j’aimais beaucoup mon métier, j’avais l’impression qu’un fossé s’était creusé entre cet univers du luxe dans lequel je travaillais et ce que j’étais, poursuit-elle. J’ai grandi dans un milieu populaire où malgré les difficultés, les gens se soutenaient mutuellement, j’avais envie de retrouver ça et surtout d’y contribuer. »

UN TRAVAIL D’ÉQUIPE

Deux fois par semaine, elle rejoint donc désormais les locaux du Comité stanois du Secours populaire français (SPF), rue Auguste-Dewaële. Et participe activement aux distributions alimentaires, tout en assumant aussi son rôle d’ambassadrice au sein de l’Académie populaire de santé, une structure créée par le Département de la Seine-Saint-Denis pour former des habitants des quartiers sur les thématiques de la santé au quotidien. « Mais, attention ! Je n’agis pas toute seule, insiste Béatrice Letté, tout ce que je fais, c’est en équipe avec des personnes qui ont les mêmes convictions sociales et humaines que moi. »

Concrètement, en lien avec la Fédération de la santé du Secours populaire, la Stanoise qui a grandi dans le Val-d’Oise voisin « fait en sorte de créer du lien avec les bénéficiaires du comité de Stains, d’échanger avec eux pour qu’ils se confient un peu plus sur leur santé. À moi ensuite de les orienter vers un accès aux soins. Par exemple, lors des distributions de colis, je fais en sorte de repérer celles et ceux qui ont des problèmes de vue ou d’audition, car avec différents partenaires, le Secours populaire met en place des dispositifs d’aides spécifiques pour bénéficier de lunettes ou de prothèses auditives. »

NE PAS RESTER DANS SON COIN

Aiguillée sur ce rôle d’ambassadrice par une référente santé de l’antenne du Secours pop’ de Romainville, Béatrice Letté y a vu plus largement une opportunité « de m’engager au service de la Seine-Saint-Denis et de Stains, un département et une ville où je me sens bien comme au sein d’une famille parce que la solidarité y existe encore et que ça correspond à mon mode de vie et à mon envie de me tourner vers les autres. » Et, c’est aussi une manière pour elle de s’ouvrir un nouvel horizon professionnel : « Apprendre tout en étant sur le terrain, voilà ma manière de développer de nouvelles compétences, mais aussi un sentiment de bien-être dans ce que je fais. J’apprends, j’acquiers de nouveaux savoirs, des savoir-faire et des savoir-être aussi auprès de différents pôles de formations en lien avec le social et l’humain », explique-t-elle encore.

Pour cela, la cinquantenaire n’hésite pas à s’appuyer également sur les outils mis en place par l’Académie populaire : « Je suis toujours à la recherche de la bonne formation, celle qui me permettra de mieux comprendre et donc de mieux expliquer telle ou telle thématique de santé. Tout simplement, parce que je suis là avant tout pour faire passer des messages avec bienveillance. Je serai d’ailleurs devant le Secours populaire, mardi 28 mars de 14h à 16h, sur un stand de prévention et de promotion du dépistage des cancers colorectaux, dans le cadre de l’opération Mars bleu. »

Une pédagogie que la mère de famille met en pratique, entre autres, lors d’ateliers nutrition où elle s’applique à « redonner le goût des fruits et légumes avec quelques astuces », composant par exemple des biscuits apéritifs avec des pépins de citrouilles.

Des pépins qui sont autant de petites graines que Béatrice Letté veut semer « pour que chacun puisse bien vivre, bien manger, bien se soigner. Si on se tend la main, on y arrivera mieux, en tout cas moi, je ne veux pas rester seule dans mon coin à ne rien faire ! »

• FRED LAURENT

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