Portrait – Médina Diarra plan large sur une « Starnoise »

Révélée à l’âge de dix ans dans un premier long métrage, cette Stanoise originaire du Clos Saint-Lazare a ensuite enchaîné les rôles jusqu’à l’adolescence.

Après une longue pause, elle revient au cinéma dans HLM Pussy présenté à l’Espace Paul-Éluard, le 10 juillet à 20h.

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Ce mois de juin, Médina Diarra alterne entre Paris et Nancy où elle tourne dans le dernier film de l’actrice et réalisatrice Hafsia Herzi, une adaptation à l’écran du roman autobiographique de Fatima Daas, La Petite Dernière : la quête identitaire d’une jeune femme de Clichysous- Bois qui a choisi de se « définir comme lesbienne, musulmane et fille des quartiers populaires », dixit l’autrice.

« Je joue la meilleure amie du personnage principal. C’est une histoire forte », résume la jeune actrice stanoise.

Après cette parenthèse sur les plateaux, elle replongera dans sa vie de tous les jours, « à Stains, la meilleure ville que je connaisse », s’exclame-t-elle. « Parce qu’il est facile d’y trouver sa place, confie la vingtenaire qui a passé toute son enfance du côté du Clos-Saint-Lazare. Stains, c’est aussi une ville que j’aime parce que toutes les origines, toutes les religions se côtoient et tout y est possible. »

L’ENVIE D’ÊTRE AVOCATE

Rien d’anormal qu’elle ait donc accepté de venir défendre, le 10 juillet à 20h sur la scène de l’Espace Paul-Eluard, HLM Pussy, long-métrage écrit et réalisé par Nora El Hourch et sorti au printemps dernier. Là, Médina Diarra est moins prolixe, mais c’est pour la bonne cause : « Je dis simplement aux Stanois et Stanoises qui veulent le voir que c’est un film nécessaire. Donc, venez d’abord à l’EPE pour la séance et on en discute ensuite ensemble ! »

Sans en dire beaucoup plus, on ajoutera simplement que le film est une histoire d’amitié entre trois adolescentes et qu’il pose la question sensible du consentement.

Une autre histoire forte que Médina Diarra a bien failli ne pas jouer : « Depuis 4 ou 5 ans, je ne tournais plus, j’avais un peu mis le cinéma de côté parce que j’avais moins de propositions, et puis surtout je me sentais bien, pour une fois, dans mes études. D’ailleurs en septembre 2022, j’avais commencé une première année de droit et puis mon téléphone a sonné…

On me proposait de faire des essais pour le film de Nora. J’ai dit « pourquoi pas » et finalement j’ai été prise ! Je suis donc repartie dans le cinéma, mais je pourrai toujours, un jour ou l’autre, reprendre mes études de droit. Parce que je me verrais bien avocate : l’histoire, la géopolitique, les questions sociales me passionnent, alors que jusque-là, l’école n’était pas mon truc.

Au collège Joliot-Curie, je ne pensais qu’à amuser la galerie et ça m’a valu des problèmes : j’avais de plus en plus de mal à obtenir des autorisations d’absence pour tourner… » Car, la carrière cinématographique de Médina Diarra a été précoce. Elle a 10 ans lorsqu’elle incarne la boxeuse Aya Cissoko à l’âge de l’enfance. « J’avais été repérée lors d’un casting sauvage, se souvient-elle. J’ai tout de suite aimé l’ambiance des plateaux de tournage, le fait qu’on rencontre plein de personnes différentes et puis qu’on prenne soin de toi.

Mais, je n’avais pas vraiment conscience que c’était un métier. » Toujours est-il qu’un agent artistique prend sa carrière en main et qu’elle enchaîne jusqu’à ses 15 ans, les rôles au cinéma, jouant en 2016 dans le joli succès populaire Bienvenue à Marly-Gomont ou la série télé Alice Nevers dans laquelle elle est la fille adoptive de la juge « cathodique ». « De bons souvenirs, mais à la fin, les scénaristes voulaient que mon personnage ait un petit copain, je n’étais pas trop d’accord », sourit la jeune femme née à Saint-Denis.

VAINCRE LES PRÉJUGÉS…

En 2019, l’heure de la pause ciné et télé sonne donc pour quelque temps…

Jusqu’à ce que Médina ne replonge dans l’univers du 7e Art pour HLM Pussy : « Après tout ce temps, je me suis rendue compte que j’aimais vraiment jouer la comédie, même si je regrette qu’on me propose souvent les mêmes rôles : celui de la bonne copine noire d’une fille de bonne famille. De la même façon, on a tendance à te catégoriser dans ce milieu : lors d’un casting, on m’a, par exemple, dit que j’avais un accent de banlieue. »

Nous, on a plutôt entendu le phrasé décidé d’une jeune femme de son temps, bien décidée à ne pas se laisser enfermer dans les préjugés. D’ailleurs, l’ex-athlète de l’ES Stains se verrait bien passer réaliser ses propres films : « J’ai déjà quelques sujets de films dans mon ordinateur. Pour le moment, je ne me fais pas encore assez confiance pour aller plus loin. Mais, c’est une question de temps… »

Et, à tout juste 20 ans, Médina Diarra a justement tout le temps devant elle…

F.L


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