Portrait – Quêteur, l’icône du Clos

Quand il parcourt les rues du Clos Saint-Lazare, pour la collecte des biodéchets des habitants, il ne peut pas avancer sans être arrêté par un Stanois pour une photo, ou accosté par un enfant qui veut le caresser ou lui offrir une pomme.

En trois ans et demi d’activité, le cheval Quêteur est devenu une mascotte du quartier du Clos, à Stains, qu’il quittera en septembre pour une retraite bien méritée.

© Julien Ernst

 « Quand il est absent quelques jours, les gens se demandent où il est », sourit Alexandrine Martin, la cochère de l’entreprise de compostage Les Alchimistes, qui a embauché Quêteur depuis plusieurs années. Le cheval, qui a profité du pont de l’Ascension pour prendre quelques jours de vacances dans l’Oise en même temps qu’Alexandrine, aura assurément déjà manqué aux habitants. S’il reprendra les tournées la semaine du 20 mai, ce cheval de traie Comtois, quittera définitivement le quartier du Clos Saint-Lazare en septembre prochain, après quatre ans de bons et loyaux services.

Un départ à la retraite mérité pour l’animal. « J’ai eu 20 ans cette année, confie pudiquement le cheval. Je suis un peu un papy désormais. Il est temps que je prenne du repos, et profite de grands prés et de l’air de la campagne. » Il faut dire que quand il a rejoint les Alchimistes en 2020, pour parcourir la ville de Stains, l’équidé n’en était pas à sa première expérience professionnelle. « Quêteur est chez nous en préretraite, précise Alexandrine. Il effectue deux tournées par semaine, pendant trois à quatre heures à chaque fois, ce qui maintient son activité physique mais lui laisse du temps de repos à la ferme pédagogique du Gally. »

Avec sa crinière blonde et sa belle robe marron, le cheval est l’atout du projet expérimental des Alchimistes, né en 2020, pour trouver une solution de collecte des biodéchets avec une mobilité douce. Le concept a séduit Plaine Commune, la ville de Stains et l’Anru, qui le financent. « Les Alchimistes ont eu l’idée de faire appel à moi pour sensibiliser au tri des déchets », se souvient Quêteur entre deux bouchées de foin.

Une idée plutôt prometteuse, qui a d’ailleurs été prolongée. « Je devais oeuvrer à Stains pendant trois ans, mais mon contrat a été renouvelé pour un an supplémentaire » souffle l’animal, un grand sourire se dessinant sur son museau.

« Ça a plutôt bien fonctionné auprès des habitants et des enfants. Les gens sont curieux et heureux de me voir, sans vouloir être présomptueux. Je ne passe pas inaperçu avec mon gabarit et ma remorque rouge. » Un ressenti partagé par Alexandrine. « Parfois, je suis obligée de dire non à certaines des personnes qui veulent l’arrêter, car sinon les tournées prennent trop de retard. »

Grâce à cette approche ludique, nombreux sont les habitants du Clos qui ont pris le pli du tri des biodéchets. Légumes, restes d’os et autres déchets alimentaires sont ramassés dans les points d’apports volontaires par Quêteur, Alexandrine et Joris, avant d’être transformés en compost dans les locaux des Alchimistes, zone des Tartres. « En deux tournées, je tire environ 700 kg de biodéchets », s’enorgueillit Quêteur.

Seule ombre au tableau, quelques coups de klaxons intempestifs. « C’est une minorité des automobilistes, temporise l’animal. La plupart ralentissent pour me photographier… » D’ici quelques mois, le cheval ne sera plus « bercé » par les bruits de la ville de Stains mais probablement par ceux des oiseaux et de la nature. « J’espère rejoindre une écurie à la campagne, explique Quêteur. Mais je ne perdrais pas le lien avec ma cochère, les Alchimistes, ou Stains. Qui sait, je recevrai peut être quelques cartes postales ou messages sur mon compte instagram », rêve le futur retraité, qui a échappé à la réforme des retraites (sic).

JULIETTE BAROT

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