Portrait – Abdou, les échecs sans faire cavalier seul

Abdousallam Yakdi est ce Stanois qui a créé en 2024 son association pour transmettre sa science du jeu des échecs.

Une discipline découverte pour meubler les temps d’attente lorsqu’il était chauffeur de taxi. Itinéraire d’un passionné.

© Dragan Lekic

Ce jour de cagnard printanier Abdousallam Yakdi arrive à notre rendez-vous à la Maison du temps Libre Olivier-Abderide, en survêtement aux couleurs de l’ES Stains football et s’excuse dans la foulée : « Heureusement qu’on ne fait pas la photo maintenant, parce que ce n’est pas une tenue de joueurs d’échecs… »

Aucun souci, la photo du président de l’Association échiquier : éveil et transmission (A.E.E.T) est prévue un peu plus tard et surtout le rendez-vous avec Stains Actu n’a rien à voir avec une compétition d’échecs officielle où, effectivement, la fédération internationale impose un dress-code très strict, tolérant à peine les jeans et proscrivant les survêts.

C’est en effet en toute décontraction qu’on a prévu de questionner Abdousallam Yakdi pour ce portrait de dernière page… Et si notre homme est aussi entraîneur de foot des moins de 55 ans au sein de l’ES Stains foot, c’est surtout pour nous parler de la création en 2024 de son association d’échecs qu’on le rencontre.

« Mon objectif, attaque-t-il d’entrée, c’est vraiment d’ouvrir la pratique des échecs au plus grand nombre de Stanois et Stanoises, parce que c’est un jeu formidable qui fait travailler le cerveau, quel que soit votre âge. Et pourquoi pas ensuite développer un grand club à Stains capable d’organiser des compétitions. »

« CONTAMINÉ » PAR LE JEU

Pour cela, le fringant septuagénaire dispense son art des échecs tous les mardis soir à la Maison du temps libre Olivier-Abderide (MTL) : « On reçoit tous ceux qui ont envie d’apprendre ce jeu, à partir de six ans. L’essentiel, c’est d’être motivé. » Précision : Abdou ne le dit pas, mais vous pouvez aussi venir en survêt !

Lui, c’est dans son costume de chauffeur de taxi qu’il a découvert les échecs : « Lorsque j’étais chauffeur de taxi parisien jusqu’au début des années 2010, on passait beaucoup de temps à attendre dans les files d’attente de Roissy pour charger un nouveau client, alors on en profitait pour jouer aux échecs entre taxis. C’est là que j’ai tout appris parce qu’il y avait de très bons joueurs, surtout les Vietnamiens et les Iraniens qui adorent ce jeu. »

Une passion qui contamine vite Abdou : « Je me suis plongé dans les livres, j’ai beaucoup joué avec mes quatre enfants que j’ai parfois ennuyé avec ça et puis après ma retraite au moment où Internet se développait un peu plus, à partir de 2010, j’ai commencé à jouer en ligne et à regarder beaucoup de vidéos sur YouTube pour mieux progresser. »

De fil en aiguille, Abdou qui avait découvert les échecs dans son Maroc natal « mais vraiment sommairement, je n’avais pas le sens du jeu que j’ai aujourd’hui » se met à jouer presque compulsivement. D’ailleurs, vous l’avez peut-être aperçu aux beaux jours s’installer avec son échiquier devant l’Espace Paul-Éluard (EPE) : « C’est vrai que c’est un plaisir de jouer au soleil», sourit-il. Alors pourquoi s’en priver ? »

Un plaisir qu’il aimerait partager très largement puisqu’il compte proposer aux élus de Stains l’installation de tables d’échecs devant l’EPE. «Ce serait un vrai plus pour animer la place », glisse cet ex-étudiant en sociologie qui a l’art de la convivialité puisqu’avant d’être taxi, il a été tour à tour serveur, puis barman, responsable de rayons en supermarché ou encore vendeur de crêpes dans une petite échoppe du centre de Paris.

Bref, vous l’aurez compris, Abdou a du bagout et pourrait parler d’échecs et de stratégies pendant des heures. Alors pour les spécialistes du jeu ou qui voudraient le devenir, il vous livre, en guise de conclusion, un dernier conseil d’expert : « Franchement, si vous voulez commencer, allez sur la chaîne YouTube « Progresser aux échecs avec Marc Quenehen », un maître qui sait vraiment expliquer les échecs simplement. Et si vous êtes libres le mardi soir, venez évidemment me voir à la Maison du temps libre !»

• FRED LAURENT

INFOS + CONTACT

Tous les mardis soirs de 17h à 19h à la MTL, avenue George-Sand.
Reprise des cours en septembre.

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