Portrait – Robin Bunul, passeur de la culture kurde

20 février 2025

À la tête du Centre culturel Pazem, le Stanois Robin Bunul tient à entretenir la culture kurde alévi et à la transmettre aux plus jeunes.

C’est aussi un moyen de la faire connaître au plus grand nombre, comme lors des soirées qu’ils organisent régulièrement.

Danses folkloriques, musique et récolte de dons… Le président de l’association Pazem fait défiler sur son portable les photos de la grande soirée organisée par son centre culturel kurde, le vendredi 25 janvier à Stains. Pour Robin Bunul, cet événement, qui a réuni plusieurs centaines de personnes, le maire de la ville Pazarcik dans le sud-est de la Turquie, et des élus stanois et du département, est un accomplissement pour montrer la dynamique de son association.

Les yeux pétillants, il revient sur les 12 années écoulées depuis la création de Pazem, à l’époque basée à La Courneuve, en 2013.

« Je suis arrivé de Turquie en 1996 en tant que réfugié politique. J’ai été en prison pendant 6 ans, car j’étais engagé en politique, dans l’opposition. » Pour ce kurde alevi installé en Seine-Saint-Denis, il était important de mettre en valeur ce lien qui unit la diaspora présente en Île-de-France. C’est ainsi qu’est née l’association. « Il y a une grande communauté dans le département et aussi dans le Val-d’Oise. On est nombreux à se connaître, mais c’est aussi important d’avoir un lieu pour se retrouver et partager notre culture. »

L’association commence dans un petit local avec des cours de langue pour les enfants, des soirées de danse et des repas. En 2019, elle organise aussi un grand festival à Sarcelles :
« On veut faire connaître cette culture au plus grand nombre. »

Après la Covid, Robin Bunul, qui habite à Stains depuis une dizaine d’années, et les autres membres de l’association, décident d’agrandir Pazem et de lui faire franchir un cap. « Nous souhaitons que l’association devienne un véritable centre culturel. C’est pour ça qu’on a organisé l’association avec 575 sociétaires, qui ont tous acheté une part. C ‘est comme ça qu’on a pu prendre possession d’un grand local à Stains, dans l’ancien Buffalo Grill avec 3000 mètres carrés. »

Avec ce lieu, la communauté alevi peut ainsi se réunir pour des hommages aux défunts des différentes familles de l’association. Ce sera notamment le cas samedi 8 février, pour commémorer les 2 années passées depuis le tremblement de terre. En effet, le 6 février 2023, le Sud-est de la Turquie était touché par l’un des séismes les plus violents des 100 dernières années, endommageant 2,3 millions de bâtiments et faisant plus de 50 000 victimes.

Deux ans après, de nombreux habitants sont encore sans logement. « Quand le tremblement de terre a eu lieu on se réunissait ici, on était très nombreux. Les dons affluaient », se souvient le Stanois. Un des projets importants de Robin Bunul, organiser un véritable festival à Stains, pour partager la culture kurde avec les habitants.

Au-delà des actions humanitaires de la communauté, l’association met l’accent sur les activités culturelles qui rythment les semaines. Devenu passionné de peinture, depuis son passage en prison, cet agent immobilier de profession prend les pinceaux tous les vendredis soir. L’occasion de partager un moment avec une vingtaine d’adhérentes de l’association.

On a de nombreux projets pour organiser des activités pour les femmes, faire des visites de Paris, des cours informatiques. C’est important de leur donner confiance, de les faire sortir de la maison pour qu’elles puissent s’intégrer dans la culture française. » Le sujet de la place des femmes, parmi d’autres, fait aussi partie des conférences qu’organise Pazem.

Le sexagénaire mise aussi sur les générations futures, avec l’intention de faire du centre une véritable école, pour enseigner le kurde et la musique aux plus jeunes. « C’est très important de garder notre langue, notre culture.»

•J.B

Contact :
Association Pazem
7, avenue de la Résistance
06 50 47 85 47