Émeutes – Pas de mots…

Depuis la mort de Nahel mardi 27 juin à Nanterre, des violences urbaines ont touché tout l’Hexagone. Stains a aussi été le théâtre d’un déferlement de violences inouïes. Mais habitants, membres d’associations et élus ont organisé des veilles citoyennes pour appeler au calme.

© Dragan Lekic

Véhicules incendiés, bâtiments dégradés, commerces saccagés et pillés, … Les dégâts matériels, constatés jusqu’à ce mercredi 5 juillet midi sont très lourds. Stains n’a pas échappé à ce déferlement de violences et la population était sous le choc.

Le temps est à présent à l’apaisement, il n’est pourtant pas encore possible de tirer des conclusions. La mort du jeune Nahel à Nanterre est une tache noire dans l’histoire de notre république. La réaction des jeunes dans les quartiers populaires est une preuve que quelque chose ne fonctionne plus. Leur comportement est inexcusable, inqualifiable mais met en lumière un mal profond. Certains disent « Que font les parents ? », d’autres « Qu’est-ce que l’école a raté ? » « Quel rôle ont eu les réseaux sociaux face à ce qui semble être un jeu malsain : celui qui fera le plus gros buzz ? ».

En effet, de nombreuses vidéos circulent mettant en avant des comportements de violences terribles parfois avec des rires en fond sonore dans un décor de chaos. En ville, très rapidement, après un appel du maire lors d’une réunion de crise vendredi dernier avec l’ensemble des acteurs locaux, les habitants notamment des mamans ont décidé de sortir dans la rue pour tenter de ramener le calme. La caravane, appelé veille citoyenne, a sillonné la ville en allant à la rencontre des jeunes chaque soir. Une maman du Clos confie « on ne pouvait pas laisser faire. C’était notre devoir de maman même si ce ne sont pas nos propres enfants. Toutes les mamans comprennent ce que je veux dire. Il fallait qu’on dise à ces petits -de 9 à 14 ans- on est avec vous et pas contre vous. On vous comprend mais on a peur pour vous et vous ne pouvez pas saccager ce qui nous fait vivre. »

Elles ont multiplié les appels au calme mettant en avant que les premières victimes des saccages seraient les habitants eux-mêmes. Une parole pleine de sagesse qui semble porter ses fruits.

Une chose est certaine, il y a un problème de fond dans notre pays : il est social et économique. Une concentration de la précarité, un manque de mixité… les points sont nombreux. De nombreuses études démontrent que les quartiers populaires souffrent de manques en tous genres et ce n’est pas simplement un discours de gauche, preuve en est : les études faites par des parlementaires de droite.

« Soyons honnêtes, la banlieue on la regarde que lorsqu’elle brûle », nous explique un habitant abasourdi par les évènements récents. Il est essentiel de mener une nouvelle politique de profondeur. Car dans les quartiers populaires, le pourcentage de personnes vivant sous le seuil de pauvreté augmente en continue et la crise du Covid n’a fait que l’accentuer davantage. Ils sont aussi, quand on leur parle et les écoute, demandeurs d’une paix sociale et de justice, d’une vie plus sereine.

• R.H.

ESPACE PUBLIC
L’enlèvement des véhicules sur la voie publique est soumis à de nombreuses réglementations. Il faut laisser entre 48 et 72h pour que les propriétaires et les assurances puissent réagir. Ces véhicules brûlés ne sont pas considérés comme abandonnés donc il ne s’agit pas de déchets. Sauf s’ils sont non identifiables. Ensuite en fonction des situations, la ville ou Plaine commune déclare « faire le nécessaire mais pour les bus et les semi-remorques, très peu de fourrières sont en capacité de les enlever. Et de manière générale, les fourrières sont submergées de demandes au vu de la situation », confirment toutes nos sources consultées. Lundi, à Stains, 25 véhicules calcinés ont été recensés par la Police municipale.

• C.S.

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